Jean-François Battez

A Islande
De Grand-fort-Philippe à Bray-Dunes, Gravelines, Fort Mardyck et Zuydcoote A Dunkerque pour maigre fortune, s'enrôlaient les gars de la côte Pères, frères, fils, cousins et neveux, en famille allaient s'engager Pour le métier le plus périlleux que la mer ait jamais porté Quand on est pêcheur à Islande, et qu'on va braver l'île d'enfer C'est plus le cap'taine qui vous commande, dès qu'on a passé les calvaires C'est la morue et ses caprices, qui fait vos joies, qui fait vos peines Pêcheurs des dundees, des doris, du bout du monde où elles vous traînent Déhalez, halez, pêcheurs à Islande déhalez, allez ! pêcheurs à Islande Chaque année avant le voyage, au carnaval on faisait la bande Chants de joie sous les maquillages Dunkerque s'offrait à Islande On laissait mères, femmes et enfants pour trois mois sans quitter le bord Les vieux bateaux au gré des vents, partaient vers le froid du Grand Nord Mousses, matelots, tonneliers, saleurs, lieutenants, seconds et capitaine En traversant la mer du nord, étaient sur zone en deux semaines Sous l' crachat givré des embruns, fallait jeter les longues lignes Au gel qui vous coupait les mains, haler les lestes de six livres Déhalez, halez, pêcheurs à Islande déhalez, allez ! pêcheurs à Islande Sous le vent qui f'sait craquer les mâts, pour n'pas glacer jusqu'à la moelle On déhalait à tour de bras, rêvant à la chaleur du poêle Nuit après jour dans les tonneaux, la morue remplaçait le sel Et les hommes se brisaient le dos, n'ayant plus l'temps d'prier le ciel SongtexteLes femmes à terre, elles, s'en chargeaient, au bon Dieu de donner des prières Pour que reviennent au mois de mai tous ceux que leur avait pris la mer Pour que les icebergs dans la brume, les coups de vent et courants Gardent leur famille de l'infortune de ne pas retrouver ses enfants Déhalez, halez, pêcheurs à Islande déhalez, allez ! pêcheurs à Islande Moi j'ai connu quatre-vingt-huit, des soixante-et-onze Dunkerquois Treize n'ont pas revu le pays, marins perdus; cent soixante-trois Pas de ducasse , cette année là, pas de rires au retour dans les bars Ils ont serré les femmes dans leurs bras, tournés vers le prochain départ Quand on est pêcheur à Islande, et qu'on va braver l'île d'enfer C'est plus le cap'taine qui vous commande, dès qu'on a passé les calvaires C'est la morue et ses caprices, qui fait vos joies, qui fait vos peines Pêcheur des dundees, des doris, du bout du monde où elle vous traîne. Déhalez, halez, pêcheurs à Islande déhalez, allez ! pêcheurs à Islande Aus Songtexte Mania