Bernard Joyet

La Petite Mort
La petite mortBernard JoyetQuand le ciel éventré invente le silenceQue la bombe égarée contemple son boulotQue se lève un enfant au hasard du tableauQue la fleur de ses doigts brise la pestilenceQu'à l'horizon l'avion s'endortLa petite mortQuand l'oiseau arrimé timidement s'étonneDe s'ébrouer un peu de tenter un tressautQue le vent assouvi égoutte ses pinceauxTressant dans les roseaux son arc en ciel d'automneJusqu'aux cimes des sycomoresLa petite mortQuand la vague repue par les châteaux de sableS'esquive se dissout en toute humilitéQue la plage laquée trie ses grains de beautéEgrainant sur sa peau d'une écume inlassablePerles de nacre et perles d'orLa petite mortCet artiste apposant la douleur sur sa toileCe poète fécond des mots que tu cherchaisCe nectar glorifié par son maître de chaisMon grand soir d'utopie qui tutoie les étoilesCe couchant qui flambe le portSongtexteLa petite mortQuand ton corps me regarde au repos de nos armesQue la terre a tremblé de notre ultime assautQue mes yeux effarés se noient dans les ruisseauxA l'apnée de nos cœurs à l'orée d'une larmeQuand l'horloge esquisse un remordsLa petite mortAu diable les puissants leurs dieux et leurs apôtresQu'ils nous laissent choisir nos bouts d'éternitéMoi j'en ai quelques uns à mettre de côtéEt si rien ne se perd qu'ils se gardent les autres Aus Songtexte Mania