Bernard Joyet

Presque
PresqueÀ l'horizon tremblant ivre de kérosèneDans les herbes d'Orly je rêve ton paysLes larmes plein le sud à deux ailes d'iciOù vont ces oiseaux nus les filandres qu'ils traînentJe t'invente un prénom de princesse mauresqueJe t'aime je t'aime je t'aime je t'aime presquePour percer le mystère on s'approche et on loucheSur la main qui menait Monet parmi les dieuxOn voit les Nymphéas qui clignotent des yeuxOn se recule un peu pour croire qu'on les toucheJe brûle de savoir m'éloigner de la fresqueJe t'aime je t'aime je t'aime je t'aime presqueL'automne fout le feu aux arbres qui me cueillentJe maquille mes cils aux caprices du ventEsquissant un salut d'un chapeau titubantJ'effleure d'un frisson le froissement des feuillesJe t'esquive d'un rien d'un revers chaplinesqueJe t'aime je t'aime je t'aime je t'aime presqueIl s'en faut d'un cheveu que tes cheveux m'enlacentUn talon qui se brise un bagage tombéUne poussière à l'œil un café dérobéSongtexteUn petit pas de trop perdu dans MontparnasseMais je balbutierai quelque phrase grotesqueJe t'aime je t'aime je t'aime je t'aime presqueTes mots qui vont à l'autre en me frôlant à peineTa joue qui sait le creux qu'attend mon oreillerTon sourire évité de peu juste à côtéTon regard sur mon ombre à l'affût de la tienneLe flou d'Isadora dans ta robe arabesqueTu m'aimes tu m'aimes tu m'aimes presque Aus Songtexte Mania