Bernard Joyet

Un Arbre
Un port à l'abandon une jungle anonyme Sous la voûte embrasée d'un orage perdu Au silence soudain de la faune unanime À son plus haut corbeau un arbre s'est pendu Le jour ne venait plus frapper à ses persiennes La nuit n'allumait plus ses lucioles d'antan La sève n'allait plus jusqu'au bout de ses veines Alors à quoi ça sert d'espérer le printemps Les piafs du monde entier auraient fait le voyage Pour lui verser leurs chants et badiner autour Combien de papillons se sont crus son feuillage Et combien d'étourneaux se sont faits ses vautours On n'a pas une idée on ne sait pas le nombre Des agneaux égarés qui le firent berger Des maquisards blessés arrimés à son ombre Il a servi de phare à tant de naufragés Tant et tant d'amoureux ont brodé son écorce D'un contrat illégal au sang de leur canif Et c'est peut-être ainsi qu'il a perdu sa force On se dessèche trop d'avoir le cœur à vif Alors la foudre aux yeux notre fier escogriffe Déployant d'un éclair ses ailes de géant A déchiré le ciel de son ultime griffe À l'amour à la vie à toujours au néant Songtexte Des épaves rouillées se cognaient dans les rades Un réverbère usé éteignait son bistro Un nuage a tendu sa dernière embuscade Il a fallu qu'il pleuve une corde de trop Ni contes braconniers ni fables ni comptines Pas plus de son du cor que de biche aux abois Ni Merlin l'enchanteur ni rondes enfantines La forêt ce matin a la gueule de bois Celui qui le croit mort ne connaît pas cet arbre Qui restera debout même sans frondaison Plus le temps passera plus il sera de marbre Et plus il fera front à l'assaut des saisons Oiseaux et papillons refleuriront ses branches La faune reprendra sa danse du maquis Et le loup et l'agneau amoureux du dimanche Viendront poétiser leurs cadavres exquis (Merci à CLAVEL pour cettes paroles) Aus Songtexte Mania